De bénignes à cancéreuses: la première étape de transformation des tumeurs peu étudiée
Avec 9 millions de victimes et 18 millions de nouveaux cas par an au niveau mondial, le cancer est également la première cause de décès prématuré en France. Cette maladie peut toucher tout type de cellule, et regroupe donc des réalités très diverses. Néanmoins, un schéma général de genèse et d’évolution de cette pathologie peut être dégagé : apparition d’une tumeur bénigne (non cancéreuse), évolution vers une tumeur maligne (cancéreuse), évolution de cette tumeur maligne vers une forme plus agressive, formation de métastases.
L’évolution d’une tumeur maligne vers ses formes agressives et métastatiques est souvent bien décrite car elle correspond aux phases de prise en charge médicale, et de nombreux modèles in vivo et ex vivo permettent de reproduire et d’étudier cette évolution en laboratoire. Ainsi, de nombreuses mutations génétiques ont pu être associées à divers cancers, et l’accumulation de défauts génétiques est une caractéristique classique des tumeurs malignes les plus agressives. Comment une tumeur bénigne, comportant normalement peu de mutations, devient maligne, est en revanche mal connu. D’une part, cette étape précoce arrive souvent avant la détection de la tumeur par les médecins, et d’autre part, cette étape discrète a, jusqu’à présent, été peu mise en évidence en laboratoire.
Un nouveau modèle d’étude, «transposable» chez l’homme.
Rambur et al., ont développé un nouveau modèle dédié à l’étude des mécanismes permettant à une tumeur bénigne d’évoluer vers une tumeur maligne. La «glande accessoire» de la drosophile joue un rôle comparable à la prostate chez l’homme. Cette glande est composée de cellules épithéliales et de cellules musculaires strictement séparées par une matrice fibreuse appelée lame basale. Dans la prostate, une cellule épithéliale devient cancéreuse quand elle acquiert la capacité de traverser la lame basale pour aller envahir le compartiment cellulaire adjacent. On parlera donc d’un phénomène d’extrusion basale. Le modèle développé permet de reproduire, de quantifier cette invasion et d’en analyser les mécanismes support au niveau de la glande accessoire.
Le rôle primordial des facteurs de croissance dans la transition en tumeur cancéreuse
Ainsi, cette étude démontre que certaines mutations génétiques uniques peuvent effectivement provoquer l’évolution d’une tumeur bénigne vers une tumeur maligne. Une mutation initiale induit la production par la cellule tumorale de deux facteurs de croissance, qui à leur tour stimulent la cellule tumorale, créant ainsi une boucle d’activation. L’emballement consécutif des deux phénomènes permet alors à la tumeur de réaliser l’invasion. De tels mécanismes fondamentaux sont très conservés entre espèces et les données provenant de patients atteints de cancer de la prostate indiquent qu’il existerait un mécanisme similaire chez l’Homme.
Cette étude a fait l’objet d’un communiqué de presse